vendredi 10 décembre 2010

LE LAUREAT 2010: OLIVIER PESCHEUX


Le 29 décembre 2010, le Prix International du Parfum a été remis pour sa 11ème édition à Olivier Pescheux.
Parfumeur de la maison Givaudan , il est notamment le créateur de parfums comme LES NATURELLES PATCHOULI & LES NATURELLES SANTAL de Fragonard (2010), DAVID BECKHAM INSTINCT ICE (2010), LANVIN JEANNE LA ROSE (2010), COMME DES GARCONS STANDARD ARTEK (2009),VAN CLEEF& ARPELS FEERIE ( 2009), PACO RABANNE 1 MILLION (2008), AZZARO CHROME LEGEND (2007), HUGO BOSS BOSS SELECTION (2006), LANVIN ARPEGE POUR HOMME (2005)…
Dans l’ ambiance feutrée des « Nouvelles Esthétiques » à Paris, le trophée Lalique qui récompense le lauréat chaque année depuis sa création a été remis par le Professeur Georges Vigarello qui a souligné la grande diversité des créations d’Olivier Pescheux. Le jury était composé cette année , autour de Georges Vigarello, de: Barbara Bundy, Vice-Présidente de « The Fashion Institute of Design and Merchandising », Michèle de Lattre, Directrice des « Nouvelles Esthétiques », Julie Elghouzi, Directrice du Cercle du Luxe, Pierre-Alain Colombel, Directeur de Nipon-Kodo et Nicolas de Barry, secrétairé général du Prix International du Parfum.



Entretien avec Olivier Pescheux

- Comment crée-t-on un parfum ?
Un parfum est avant tout une idée créative, qui doit être transcrite avec le plus de précision et de justesse possible, pour préserver son intégrité et sa force. La gageure consiste à trouver le juste équilibre entre créativité et accessibilité.
- Comment trouvez-vous vos inspirations ?
Voyager, adorer découvrir de nouvelles destinations, rapporter d’Amérique latine et d’Asie de nombreuses idées de parfums, mais rester profondément attaché, voire amoureux de Paris.
- Est-ce que Paris sent bon ?!
Il faut se laisser enivrer par les odeurs de Paris : celle des roses de Bagatelle, celle de la pluie dans les rues écrasées par le soleil d’été, celle du café dans les brasseries.
- Quelle est votre destination préférée ?
Naviguer en Méditerranée en été, à la recherche de sensations (grand vent au large, soleil couchant, souffle chaud, jasmin nocturne, galant de la nuit…)
Quels sont vos matières premières d’élection ?
- Quelle sont vos matières premières de prédilection ?
La mandarine verte pour sa fraîcheur souple, l’ambroxan pour sa douce sensualité, le patchouli pour sa texture racée.
- Votre secret ?
Explorer les possibilités offertes par les ingrédients de synthèse, les combiner avec des naturels et découvrir de nouvelles harmonies olfactives.

mardi 3 novembre 2009

LE LAUREAT 2009: OLIVIER POLGE







C’est le 21 octobre 2009, que le prix International du Parfum fêtait sa dixième édition. Le maestro William Christie, le créateur des « Arts Florissants » a remis à Olivier Polge le trophée Lalique (photo ci-contre), lors d’une soirée organisée sous les auspices de la Chambre de Commerce de Versailles et de l’Isipca. L’hôtel particulier de la Comtesse du Barry, propriété de la Cci, accueillait les invités et notamment les membres du jury qui cette année, autour de William Christie son Président et Nicolas de Barry, son secrétaire général était composé de : Isabelle Dufour (Directrice de l’ISIPCA), des parfumeurs Emmanuelle Giron et Pierre Nuyens, de Stéphane Piquart (Directeur de Be Have), de Georges Vigarello ( Professeur à l’Ecole des Hautes Etudes) et de Mathieu da Vinha (responsable du Centre de Recherche du Château de Versailles).

Une vocation à la fois évidente et longue à se révéler

Peu d’ingrédients, pas mal d’instinct et autant de
rigueur : il façonne ses parfums avec une
sophistication minimaliste et jongle avec les
paradoxes. Une écriture plutôt abstraite pour une
approche presque artisanale de la matière, Olivier Polge assume l’apparente contradiction.
L’éveil des sens :
Il est né (nez ?) dedans et pourtant… Pour ce fils
de parfumeurs, les premiers souvenirs olfactifs sont
diffus : le dessus d’une commode couverte
d’échantillons dans l’entrée du domicile familial ;
odeurs de pierres humides dans un escalier ou
d’une bouée noire en caoutchouc (un pneu
recyclé) liées aux vacances chez ses grands-
parents… Cette mémoire qu’Olivier juge aussi
fondamentale qu’indélébile se dérobe pourtant à
l’exercice forcé de la conscience. C’est à peine
s’il s’en étonne : “ à la maison, on échangeait
davantage sur la peinture, par exemple, que sur le
parfum ” confie ce grand jeune homme qui se
drape agilement dans la timidité pour ne pas trop
se dévoiler…
Avec un bagage d’histoire de l’art et une fibre
d’artisan, Olivier débarque un beau jour dans un
labo pour un stage de parfumerie. C’est à la
pesée des matières premières qu’il découvre peu
à peu son affinité pour le sujet : “ Je me suis rendu
compte que c’était un vrai métier, limite manuel.
Je voyais surtout l’aspect concret, santal visqueux,
coumarine en poudre ”… Plus tard chez Charabot
à Grasse, puis chez ACM à Genève, il complète sa
formation sur les matières en s’essayant
parallèlement à la composition : “ poussé par la
curiosité mais pas franchement encouragé, j’avais
encore une idée assez peu réaliste de la
parfumerie et je n’avais toujours pas compris que
c’est dans un bureau que s’exerceraient
principalement mes activités ”.
La réalité le rattrape à New York lorsque,
embauché par IFF, il s’expatrie pour tenter sa
chance loin du bercail. Il y côtoie Carlos Benaim
(avec lequel il signe le Emporio White for men
d’Armani) ou Sophia Grojsman, entre autres, et
découvre les rouages du business de la parfumerie
contemporaine. De retour en France 5 ans plus
tard mais toujours chez IFF, il franchit un nouveau
cap, presque un deuxième départ, dans sa toute
jeune carrière : “ j’ai eu l’impression de retrouver
une culture du parfum et une sensibilité plus
proche de la mienne se souvient-il, amusé. Le
plaisir de ces retrouvailles ne tarde pas à se faire
sentir et si pour Pure Poison de Dior ou Flower
Bomb de Viktor & Rolf il partage encore l’affiche
avec Carlos Benaim et Dominique Ropion, il
s’attaque seul, en direct avec Hedi Slimane, à la
composition du Dior Homme : “ C’est un produit
dont je suis vraiment fier note Olivier. Grande
liberté de développement, complicité avec le
créateur : je l’ai vécu comme une bouffée d’air
frais, la sensation d’avoir fait un parfum dans des
conditions rêvées ”…


L’art et la manière

Le thème boisé-iris du Dior Homme, justement, il
s’en souvient comme d’une idée forte qui les a mis
tout de suite d’accord. “ Très peu d’ingrédients
dans un habillage soigné, c’est l’objectif que je
voulais atteindre”. Une approche acquise
pendant ses années d’apprentissage lorsqu’il
devait recréer avec 5 matières premières
maximum l’accord majeur d’un grand classique
de la parfumerie. “ Quand je travaille seul, j’essaye
d’avoir de la rigueur, de me donner un cadre, de
ne pas mettre des produits qui ne servent à rien
par exemple ”, souligne-t-il. Ce qui ne l’empêche
pas de plaider pour une parfumerie instinctive qui
se cherche dans le déclic ou les affinités d’un brief
pour mieux s’épanouir.
“ Orientaux, boisés, si certains thèmes m’inspirent
plus que d’autres, je peux aussi accrocher sur un
projet à partir d’une facette, d’une matière
première ou d’une simple note si elle me parle ”.
Pas facile à cerner, Olivier n’est pas non plus de
ceux que l’on captive avec des histoires au ras
des pâquerettes. Ni bucolique, ni figuratif, le
parfum reste avant tout pour lui une élaboration
mentale, abstraite : “ Je ne l’imagine pas comme
une continuité de la nature mais plus comme une
forme de sophistication ”. Et lorsqu’on lui
demande, au jeu du portrait chinois, d’associer le
parfum à un paysage, il répond : “ urbain ” sans la
moindre hésitation ! Poète d’une nature distancée
mais esthète de la matière dans sa plus simple
expression, Olivier n’en est pas à un paradoxe
près ! Richesse et complexité un profil plein de
ressources qui n’a pas encore livré tous ses secrets
mais qui participe déjà activement au charisme
de l’individu…

Entretien avec Olivier Polge


· Comment avez-vous commencé à créer des parfums ? Qu’est-ce qui vous y poussait ?

· Mon premier contact réel avec la parfumerie est passé par des stages d’été. Il me semblait que
c’était un métier artisanal, ce qui me plaisait. J’avais l’impression que j’allais faire un métier
manuel. J’avais commencé par un stage en usine à Grasse sur les matières premières, il fallait
remplir les extracteurs des matières premières naturelles qu’on recevait, et il me semblait que
c’était un métier avec les pieds sur terre, des choses réelles, liées à des saison, avec des huiles,
des poudres, des résines, comme la cuisine.

· Comment travaillez-vous ? Avez-vous besoin d’un grand nombre de matières premières ?

· J’essaie de travailler avec du bon sens, de peser plus qu’une fois la nécessité de rajouter un
nouveau produit dans une formule ; j’essaie donc de travailler avec peu de matières premières.

· Quelle est la place du naturel dans vos inspirations et dans vos formules finales ?

· Dans l’inspiration, l’organigramme de la parfumerie est fondé sur les naturels, qui sont clé. Le
débat entre naturel et synthèse est complexe, et la qualité d’un produit n’est pas uniquement liée
à la quantité de naturels. En revanche, la qualité des produits naturels choisis pour un parfum est
fondamentale. En cela, nous avons une chance unique chez IFF, avec les naturels des
Laboratoires Monique Remy, qui développent les plus beaux produits du marché. Même si
aujourd’hui, on peut déplorer que dans la réalité, l’équation économique ne nous permet souvent
pas de mettre tous les naturels qu’on souhaite, comme les essences de fleurs.

· Comment voyez-vous les parfums dans le proche futur ?

· Le retour d’une approche plus artisanale du parfum, avec une expression moins codifiée, plus
instinctive. Et du temps, surtout, pour les faire et leur donner une chance d’être appréciés.
Je suis optimiste : on peut faire autrement !

· Comment devrait-on reconnaître le travail des créateurs comme vous ?

· Le travail d’un parfumeur aujourd’hui est complexe, et très interactif. La reconnaissance du travail d’un créateur, c’est la reconnaissance de son expertise, et de son jugement.

· Devrait-on instituer un « droit d’auteur » pour les « nez »?

· Sur le principe, pourquoi pas, mais les difficultés techniques me paraissent difficilement surmontables (ainsi la complexité du nombre de matières premières)

· Quelle est votre propre parfum préféré ? Comment l’ avez-vous composé ?

· Je suis très critique envers ce que j’ai fait, et je me semble être mauvais juge de mes créations…

· Quelles sont vos matières préférées ?

· Le patchouli : Une matière à part qui a une
incidence sur la totalité du parfum. On en
rajoute rarement au cours d’un
développement… Il y a les parfums avec ou
sans patchouli ! Comme une charnière dans les
classifications olfactives.
La bergamote : aussi évidente que de l’eau !
Mais pas dans le sens de “ diluant ”. C’est un
ingrédient essentiel de ma palette. J’aime
l’idée de la rendre moins éphémère…
Les notes irisées/violettes : Un peu poudrées,
boisées, florales mais pas trop, ni typiquement
féminines, ni franchement masculines et
tellement tout ça à la fois… Elles m’évoquent
une couleur violet profond qui me séduit
beaucoup.
Les notes ambrées : Pour passer de l’odeur au
parfum ou qu’un parfum soit vraiment un
parfum, il en faut absolument ! Indispensables
dans les orientaux, je les aime dans des
tonalités opoponax, veloutées, un peu
sombres.

· êtes-vous sensible à votre image ?

· Je n’aime pas me voir en photo. C’est souvent
lisse, un peu “ cosmétique ”, j’ai l’impression que
l’on veut faire de moi une star de cinéma et j’ai
peur de décevoir. Sur celle-ci, il n’y a pas
d’artifice, c’est déjà bien ! J’ai l’air un peu dur ?
Les gens qui sourient sur les photos, je trouve ça
fatigant… Si j’avais pu choisir, j’aurais été plus loin
de l’objectif, pas de face, avec une main devant
pour me mettre davantage en retrait…

Les principales créations d’Olivier Polge


2001
Emporio White for Men
Armani
(avec Carlos Benaim)
2002
Bora Bora pour Homme
Liz Claiborne
(avec Pascal Gaurin , J-M. Chaillan)
Vera Wang for Men
Vera Wang
(avec Pascal Gaurin, J-M. Chaillan)
2002
Crave
Calvin Klein
(avec P. Gaurin, J-M.Chaillan, Y.Cassar)
2003
Happy heart
Clinique
(avec Christophe Laudamiel)
Noise
Visionaire
(avec Hedi Slimane)
2004
Blue
La Perla
(avec Bruno Jovanovic)
Pure Poison
Dior
(avec C. Benaim, D. Ropion)
Visit for Women
Azzaro
(avec D. Bertier)
2005
Boss in Motion Limited Edition Green
Hugo Boss
Apparition pour Homme
Ungaro
Dior Homme
Dior
Flowerbomb
Viktor & Rolf
(avec C. Benaim, D. Bertier, D. Ropion)
Friends
Moschino
Emporio Armani Remix for Him Armani
(avec D. Bertier)
2006
Code for Women
Armani
(avec D. Ropion & C. Benaim)
2006
Noa Perle
Cacharel
(avec D. Bertier)
Eau Parfumée au Thé Rouge Bulgari
Miracle Forever
Lancome
(avec D. Ropion)
2007
Liberté
Cacharel
(avec D. Bertier)
F by Ferragamo
Salvatore Ferragamo
2008
The Beat
Burberry
(avec D. Ropion & B. Piquet)
F for Fascinating
Salvatore Ferragamo
The One for Men
Dolce & Gabbana
KenzoPower
Kenzo
The Beat for Men
Burberry
(avec D. Bertier)
2009
Only the Brave
Diesel
(avec A. Massenet & P. Wargnye)

lundi 2 novembre 2009

Le Prix de référence des créateurs-parfumeurs

Jean Guichard recevant le prix des mains de Jean-Claude Brialy

Créé en 2000 pour honorer un créateur de parfum, le Prix François Coty devient le Prix international du Parfum et s’inscrit désormais dans le cadre des évènements phare de la ville de Chartres (Cosmetic Valley). Ce prix s'adresse aux grands nez internationaux. Il récompense et couronne à la fois la carrière du lauréat ainsi que ses dernières créations. Le jury qui change chaque année, est composé de personnalités ayant un rapport avec l'olfaction et une sensibilité professionnelle ou personnelle sur le sujet.

Le Prix International du Parfum/prix François Coty a été remis ces dernières années au château d'Artigny, ancienne résidence du parfumeur François Coty, et depuis 2007 à Chartres. Ce prix veut donner sa juste valeur au travail artistique des créateurs de parfum, encore trop souvent relégués dans l'ombre. Il s'agit d' un événement non commercial, sans but lucratif.Les membres du jury sont proches ou non du milieu de la parfumerie (sans en faire partie). Le jury a été présidé par des personnalités comme Jean Claude Brialy, Marie Christine Barrault, Marie Laforêt, Irène Frain, Elisabeth Bourgine, la Baronne de Rothschild et Gonzague Saint Bris, Jacques Séguéla, le Comte de Paris, William Christie. Les lauréats ont été successivement Jean Guichard, Francis Kurkdjian, Maurice Roucel, Alberto Morillas, Jacques Cavalier, Sophie Labbé, Lorenzo Villoresi, Christine Nagel, Dominique Ropion et Olivier Polge.


Conférence de presse du prix. Lorenzo Villoresi recevant le trophée en 2006.

Déroulement du Prix

La sélection des candidats pour chaque édition du Prix, se fait selon les critères suivants .Il doit s’agir de parfumeurs-créateurs déjà confirmés et auteurs de parfums de haute qualité, au sommet de leur art, ayant notamment crée un parfum important dans l’année écoulée. Sont pris en considération la nationalité- chaque sélection comporte plusieurs candidats étrangers- certains candidats appartiennent aux grands laboratoires internationaux de création, d’autres sont des parfumeurs indépendants, avec une quasi-parité hommes-femmes, reflétant la réalité de la profession.Le jury reçoit pour analyse une sélection des meilleurs parfums de chaque candidat. Cette sélection qui le représente, est de la seule responsabilité de celui-ci. Les analyses olfactives se font sur la base de flacons non-commerciaux, pour que le seul parfum soit pris en compte, et non son emballage, aussi séduisant soit-il…Chaque membre du jury dispose de trois votes dans l’ordre de préférence du candidat (on vote pour un candidat dans son ensemble et non pour tel ou tel parfum séparément) et la somme de ces votes donne le lauréat, c’est à dire celui qui aura le plus de points (3 points pour le candidat placé en tête, 2 pour le second, 1 pour le troisième etc.…pour chaque vote des 8 membres du jury). Habituellement, ce choix se fait sur la base de six candidatures.Le jury s’est donné pour règle la confidentialité du vote, c’est à dire que seul le lauréat est annoncé. Les cinq autres peuvent être re-sélectionnés une année suivante.




Jacques Cavalier, Alberto Morillas, Maurice Roucel, Francis Kurkdjian recevant le Prix Coty des mains de Marie Laforêt, Elisabeth Bourgine, Irène Frain, Marie-Christine Barrault.

Depuis 2000, les lauréats ont été Jean Guichard, Francis Kurkdjian, Maurice Roucel, Alberto Morillas, Jacques Cavallier, Sophie Labbé, Lorenzo Villoresi et Christine Nagel. La clarté dans la sélection et le vote, sa totale confidentialité, donnent à nos choix une garantie de totale objectivité.


jeudi 20 novembre 2008

DOMINIQUE ROPION LAUREAT 2008


Le Prix International du Parfum 2008 est décerné à Dominique Ropion

Jean-Paul Guerlain reçoit un prix d’honneur


Organisé pour la seconde année dans le cadre des Rencontres de la
Cosmetic Valley, le Prix International du Parfum 2008 a été décerné
le 5 novembre à Dominique Ropion.Un « Prix d’honneur » a été remis à Jean-Paul Guerlain au cours
d’une soirée qui s’est tenue à Chartres en
présence de nombreux invités du monde de la parfumerie-cosmétique.

Le Président du jury était le Comte de Paris a remis au lauréat une statuette en cristal de Lalique, partenaire du Prix depuis sa création.

Dominique Ropion: Une architecture olfactive

« J’aime l ’ idée de travailler le parfum comme une forme olfactive, tel un
sculpteur ou un architecte. » Dominique Ropion qui succède à Christine
Nagel , lauréate 2007, est parfumeur-créateur à Paris chez IFF
(International Flavors & Fragrances). Issu de l ’école grassoise, i l a été
propulsé sur le devant de la scène « parfumistique » au début des années
80 avec un premier coup de maître réalisé à 27 ans : le célèbre parfum
Ysatis, l’un des fleurons de Givenchy. Ni abstrait , ni figuratif il revendique
son style comme une approche concrète, technique, voire manuelle de la
parfumerie. Pour être parfumeur, aime t-i l à dire, i l faut être artisan,
aimer la confrontation avec l’ ingrédient . Parmi les créations de ce grand
parfumeur contemporain : Ysatis et Amarige de Givenchy, Lalique Le
Parfum, Carnal Flower et Vétiver extraordinaire chez Frédéric Malle, Jungle Tigre de Kenzo,
Angélique de Shiseido, Krazy de Krizia, Armani Mania de Giorgio Armani ,
Alien Eau luminescente de Thierry Mugler.

Jean Paul Guerlain: une longue carrière dévouée aux parfums


Jean–Paul Guerlain qui aime à se défini r comme un « musicien des
odeurs », est issu d’une d'une l ignée de parfumeurs audacieux et créatifs
qui , de génération en génération, se sont transmis le pouvoir de façonner
des rêves et de les incarner en parfums. Jean-Paul Guerlain a débuté sa
carrière en 1959 en créant Vétiver. C'est à lui également que l 'on doit ,
entre autres, Nahema, Chamade, Samsara, Habit Rouge ou encore Coriolan.
Jean- Paul Guerlain est le Président d’honneur de la Cosmetic Valley,
association qu’ i l a contribué à créer en 1994. Il est aujourd'hui retiré.

* Le jury 2008 était constitué autour de son Président, le Comte de Paris, de Johanne Courbatère (journaliste), Corine Moriou (Grand Reporter), Annick Le Guerer (Ecrivain), Sylvie Jourdet ( Présidente de la SFP), Jean Kerléo, Alban Muller (Président de la Cosmetic Valley) et Nicolas de Barry , son secrétaire général.

jeudi 22 mai 2008

Prix International du Parfum 2007

Le Prix International du Parfum 2007 a été remis à Christine Nagel lors des Rencontres de la Cosmetic Valley à Chartres le 7 novembre 2007 (photo ci-dessous)
Le trophée, un vase Lalique gravé "Prix international du Parfum" 2007, lui a été remis par Jacques SEGUELA, président du jury.

La Lauréate : Parfumeur-créateur et Directrice de la création chez Fragrance Resources à Paris, après avoir travaillé pour Créations Aromatiques (Symrise), Quest et Givaudan, Christine Nagel est une créatrice d’origine suisse. Chimiste de formation, installée à Paris depuis plus de dix ans, et dotée d'une grande puissance de travail, elle a toujours privilégié la créativité avec une grande liberté de ton. Parmi ses créations: Eau de Cartier, Délice de Cartier, Miss Dior Chérie, The one de Dolce Gabbana, Narciso Rodriguez for Her pour Shiseido (en collaboration avec F.Kurkdjian), Lys d’Angel de Mugler, 1000 et une rose Rose de Lancôme, La trilogie de Baccarat, Ambre soie d’Armani Private...

Le Jury 2007 : Jacques Séguéla (Président), Nicolas de Barry (Secrétaire général), Jean Luc Ansel (Directeur Général de la Cosmetic Valley), Olivier Aron (Président de Rosae),Sylvie Jourdet (Présidente de la Société Française des Parfumeurs), Jean Kerléo (Président de l' Osmothèque), Isabelle Parrot (Directrice de la Licence ProPac de l'Université de Montpellier 2), Jean Pierre Subrenat (Président du World Perfume Congress)

mercredi 21 mai 2008

François Coty

FRANÇOIS COTY, LA NAISSANCE D’UN PARFUMEUR

S’il est un créateur qui révolutionna le monde des parfums et des cosmétiques au XXème siècle, c’est bien François Coty : mais curieusement, après avoir fait fortune puis avoir tout perdu, ce génial autodidacte ne laisse aujourd’hui que des parfums introuvables - la Rose Jacqueminot, Origan ou Chypre avaient pourtant fait rêver nos grands-mères - et des souvenirs ambigus.

Descendant lointain de Bonaparte, François Spoturno de son nom de baptême, est né le 3 mai 1874 dans le même quartier d’Ajaccio que l’empereur. Comme lui il franchira la mer à la conquête du continent et dominera un jour le monde …des cosmétiques. Orphelin très tôt, il est élevé modestement par ses grands mères et débarque à Marseille en quête d’embauche à l’âge de 13 ans. Il trouve un premier emploi chez un marchand de tissus avec un salaire de trente francs par mois. Mais il a de l’ambition et sait qu’il lui faut rapidement « monter à Paris ». En 1900 il arrive dans la capitale pour visiter l’exposition universelle et tenter sa chance. Il continue de vendre des rubans et autres fantaisies, mais double cette activité qui le fait vivre, d’une autre plus propice à ses ambitions: il travaille comme « secrétaire »de l’écrivain et homme politique Emmanuel Arène, un officier corse rencontré durant son service militaire. « Tu n'auras pas de traitement mais quand je déjeune chez moi tu as ton couvert mis. Je t'avancerai même quelque argent quand j'en aurai gagné un peu. Bref tu auras un titre. Mets le sur tes cartes de visite et débrouille-toi ! » Voilà comment Arène aurait embauché son jeune protégé. C’est ce même Paul Arène qui lui conseillera de changer de nom et de prendre le nom de sa mère, Coti, mais avec un Y, ce qui, pour un futur parfumeur, fera plus chic… et moins corse ! Attaché parlementaire, François reste quatre ans auprès du député mais passe surtout son temps à vendre des épingles à chapeaux. Il rencontre sa femme Yvonne le Baron qui travaille également dans les rubans : elle est belle, il l’épouse et naissent deux enfants : Roland et Christine.

Les premiers pas du parfumeur

Comme le remarque Patrick de Sarran (1), « François Spoturno n’avait jamais respiré un parfum ailleurs que sur les joues de sa femme » : c’est donc le hasard qui va le conduire vers le succès. D’après sa fille, Christine Coty « Il avait un très bon ami, Raymond Goery, qui habitait avenue de la Motte Piquet. Mon père jouait avec lui tous les soirs au piquet. Un jour cet ami, qui était pharmacien, ne put le rejoindre car il devait réaliser des ordonnances. Mon père décida de lui tenir compagnie et de l'aider. Le pharmacien refusa de le laisser toucher aux médicaments. Par contre, il lui donna la recette de l'eau de Cologne, très banale, qu’il fabriquait et lui prêta le matériel nécessaire ». Et le miracle se produit : Coty s’amuse; il élabore d’autres eaux de Cologne avec les même produits et son hôte est obligé de constater que d’emblée il fait mieux que lui ! Surtout, Coty vient d’avoir une révélation, ce jeu lui a plu, son nez serait-il l’instrument de sa réussite ? Il n’y avait jamais songé, mais en faisant cette eau de Cologne, c’est toute la Corse odorante qui lui est revenu en mémoire, et c’est cette mémoire que chacun d’entre nous garde sous clef, qu’il va désormais libérer. Il fera donc la révolution dans les parfums, et un jour peut-être l’Empire…Pour l’heure, la révolution passe par Grasse, la capitale des parfums et des industries de matières premières. Dans la petite ville un peu endormie sur ses lauriers, on est mûr pour qu’un autodidacte génial vienne brusquer les bonnes vieilles habitudes. Les industries ont depuis longtemps isolé des molécules odorantes qui ont donné naissance à de nouveaux produits synthétiques comme la Coumarine ou la Vanilline (utilisés avec succès par Houbigant dans « Fougère Royale »et Guerlain dans « Jicky »), mais personne n’a encore osé repenser la formulation traditionnelle : on fait avec des produits nouveaux, des jus anciens… Coty va prendre tout en vrac, va se passionner pour les matières naturelles nobles, pour celles aussi qu’on n’ose utiliser qu’en larmes, et pour les nouvelles et va tout associer sans préjugé. Coty est un bon vendeur et il sait se mettre en valeur. Il va directement sonner à la porte de Chiris, la plus grosse et pour l’époque la plus moderne des maisons grassoises et sait se faire accepter en stage, alors qu’il ne sait rien, ni ne vient recommandé par qui que ce soit ! Il n’oubliera pas cette hospitalité et fera de Chiris son fabriquant, puis son partenaire pour la conquête du marché russe, quelques années plus tard…Pendant près d’un an, Coty s’immerge littéralement dans l’univers de Grasse, il se lève à l’aube pour se mêler aux cueilleuses de la rose de Mai, il participe aux distillations et extractions et apprend à «goûter » la matière première, puis fait ses gammes et apprend le langage des odeurs et des essences.

A nous deux, Paris !

Mais Coty n’est pas du genre patient. Il veut remonter très vite à Paris et conquérir sa clientèle : les femmes ! En peu d’années il va créer des parfums qui vont d’emblée s’imposer. Edmond Roudnitska, le grand parfumeur de l’après-guerre (« Femmes »de Rochas, « l’eau sauvage »de Dior etc.), commença à travailler dans les années 1920, il se souvient :« Tous les parfumeurs de l’époque concoctaient des répliques de l’ »Origan » ou d’un nouveau «Chypre ». Les femmes ne juraient que par ces parfums. Ce que créait François Coty s’imposait aussitôt. En 1905, ce fut la suprématie de l’ »Origan » qui venait de naître. En 1912, L’ »Or »dominait tous les endroits en vogue ! Le génie de François Coty, résulte de l’alliance rarissime d’un goût parfait et d’une intuition infaillible ».Comment Coty créait-il ? Nul ne le sait. Cet homme prolixe s’est peu confié sur ce sujet. Mais sa force vient d’autre chose : il est un esprit ouvert à tout. Cette qualité sera aussi la cause de sa perte, car il touchera non seulement à tout l’univers de la cosmétique – créant notamment le moderne rouge à lèvre – mais il se lancera dans la presse – il rachètera le «Figaro » - et dans la politique, investira en Bourse, s’intéressera à l’Art et à l’aventure aérienne – dont il sera le principal mécène -, fera construire un château (voir encadré) et de nombreuses Villas. Dans son métier de parfumeur, il est d’un éclectisme absolu – qui fait penser à Picasso qui est arrivé à Paris la même année que lui – et se passionne aussi pour l’emballage, chose nouvelle pour l’époque. Mais une chose est sûre : il sera le premier à accepter les matières premières produites par extraction ( Chiris a lancé cette technique en premier) en place de l’enfleurage traditionnel : ces absolus avaient été refusés par les grands parfumeurs comme olfactivement trop forts. Coty, lui, saute sur ces nouveautés et sur certains synthétiques. Il ne choisit que les produits qui lui plaisent d’emblée et assemble peu d’éléments. Il va spontanément au plus simple et vise la qualité du produit.Son premier coup est un coup de maître. Il a rapporté de Grasse une petite quantité d’absolu de rose. Il l’habille sobrement, en fait un produit nouveau. Il se présente aux «magasins du Louvre », le plus célèbre des grands Magasins : au rayon de la parfumerie, le responsable, hume avec dédain son échantillon. Volontairement ou non, Coty laisse tomber le flacon qui se brise sur le sol en marbre et le parfum envahit le secteur. Comme dans une légende, les femmes accourent, veulent le parfum… et le chef de rayon en commande 50 exemplaires pour le lendemain. Dans la nuit Coty et sa femme, dans leur cuisine, fabriqueront les 50 premiers flacons de la «rose Jacqueminot » ! Coty s’installe dans une modeste boutique de la rue de la Boétie et se livre à une frénésie de création : « Vertige », Idylle », «effluve », «ambre antique »et surtout « Origan ». C’est l’année du fauvisme et Coty, avec « Origan »lance le « premier parfum violent du siècle » pour reprendre l’expression d’Edmond Roudnitska (2). Le succès est tel que la maison Coty déménage déjà à Neuilly, puis en 1908 à Suresnes où François Coty crée la « Cité des parfums », l’usine modèle. Il est riche et célèbre et il ne le doit qu’à son talent et à son audace.

Le parfum du Chèvrefeuille

L’ascension fut fulgurante, la chute aussi… mais durant trente ans Coty va dominer le monde du luxe : il fera de sa marque la plus vendue au monde, il sera l’ "Homme le plus riche de France "!Il continue de créer des parfums exceptionnels : « L’aimant », « Chypre », « Emeraude », « Paris ». . C’est aussi Coty qui aura l’intuition de demander au verrier Lallique de faire pour lui des flacons de parfums : les plus belles créations de cet autre grand artiste sont donc signées Coty.Au fait de sa gloire, des succès, des incartades politiques, tout va basculer. Le monde commence à s’effrayer de ce petit corse qui de l’empire des parfums commence à vouloir conquérir le pouvoir. Ses frasques amoureuses lui valent un divorce désastreux car il est marié sous le régime de la communauté et sa femme exige la vente de ses usines. Il est un homme à bout, usé prématurément. Dans l’un de ses derniers voyages en Corse – « je reconnais mon île rien qu’à ses parfums » disait Napoléon – il fait arrêter sa voiture au milieu des collines et embrasse la terre et la garrigue. Il meurt peu après en 1934, l’une de ses dernières création s’appelait : « Fougeraie au crépuscule ».Peu avant sa mort, à un ami qui lui faisait remarquer qu’il avait la chance exceptionnelle d’avoir réalisé tous ses rêves et que là était la vraie richesse, il répondit :- Pas du tout, une seule chose m’a échappé, la seule vraiment qui me faisait rêver : l’odeur du chèvrefeuille.Derniers mots d’un parfumeur dépassé par sa gloire. Une gloire dont il ne reste même pas les parfums, créations oubliées, à « visiter » uniquement à l’osmothèque (4) de Versailles où la plupart ont été reconstitués.




(1)Patrice de Sabran : « François Coty, Empereur d’Artigny « (ed. Nouvelle République, 1990)(2)Elisabeth Barillé : « Coty, parfumeur et visionnaire »( ed. Assouline, 1995)(4) Osmothèque, 36 rue du Parc de Clagny, 78000 Versailles. Tel. 0139554699